Poète, comédien, auteur de pièces de théâtre, metteur en scène, comédien, plasticien, et théoricien, Antonin Artaud incarne l’une des figures majeures de son époque. Génie proche de la folie, son œuvre prolifique est le reflet de sa vie tourmentée.
Une histoire tumultueuse
Né en 1896 à Marseille, sous le nom d’Antoine Marie Joseph Paul Artaud, le futur poète connait une enfance choyée auprès de ses parents – une famille bourgeoise aisée. Très vite, cependant, sa petite existence paisible est perturbée par de sévères troubles nerveux, se traduisant notamment par de violents maux de tête chroniques. La cause de ces terribles douleurs est attribuée par les médecins à une syphilis héréditaire dont il serait atteint. Il tentera d’en combattre les symptômes dès l’adolescence, subissant de très lourds traitements médicamenteux, à base d’arsenic, de mercure et de bismuth. Malgré tout, ni cette médication contraignante, ni ses séjours répétés en maison de soin ne suffisent vraiment à calmer la douleur physique. Toute sa vie, il subira quasi en permanence cette souffrance, qui influera inévitablement sur ses relations, tout autant que sur ses créations.
Son enfance est également très perturbée par un événement marquant : la mort de sa petite sœur âgée de huit mois, alors qu’il n’en a que huit lors du drame. Il gardera des traces indélébiles de ce premier contact avec la mort.
Oscillant entre de violentes phases dépressives, souvent associées à une consommation excessive de drogues – (opium principalement) et de régulières tentatives de désintoxication, la vie du poète est on ne peut plus chaotique. Soigné tout autant pour ses douleurs physiques, que pour les troubles psychiques dont elles sont à l’origine, Artaud sera longuement interné à maintes reprises, subissant notamment de fréquentes séries d’électrochocs.
Une œuvre fondamentale
C’est en 1920, tout juste arrivé à Paris, qu’il se met réellement à l’écriture. Il se verra confier par André Breton, quelques années plus tard, en 1924, la direction de la Centrale du bureau des recherches surréalistes. À l’époque, il rédige des poèmes en prose, des scénarios de films, mais également de nombreux textes qui seront publiés dans « La Révolution surréaliste », l’organe dudit mouvement. Il fonde en 1926 le Théâtre Alfred Jarry aux côtés de Robert Aron et Roger Vitrac, puis rédige un manifeste – aussitôt publié – dans lequel il propose une redéfinition complète de l’art dramatique. Deux ans seulement plus tard, suite à un désaccord idéologique, Antonin Artaud reconsidère les surréalistes, qu’il choisit de quitter définitivement début 1928, poursuivant seul, entre autres, sa quête du théâtre idéal.
Inventeur du concept du « théâtre de la cruauté », Artaud recherche un théâtre total, impliquant une mise en danger du public, dont il refuse la passivité : aucun spectateur ne doit en revenir intact – « l’union de la pensée, du geste, de l’acte ». Il est convaincu de la « nécessité pour le théâtre de chercher à représenter quelques-uns des côtés étranges des constructions de l’inconscient ».
Modèles pour de très nombreux metteurs en scènes et acteurs, ses écrits théoriques demeurent encore aujourd’hui des références incontournables.
photo : Adrian Vamanu – FotoliaSimilar Posts: